Depuis plus de deux ans, les habitants des communes de Cornaux et de Cressier bénéficient du réseau de chauffage à distance (CAD) Entre-deux-Lacs. Ce projet marque une étape importante vers une énergie plus locale, durable et maîtrisée.
Le bilan de ces premières années est positif : aucun incident ni interruption d’approvisionnement n’a été enregistré. Les bâtiments raccordés, publics comme privés, profitent d’un confort thermique constant, sans entretien ni gestion de chaudière.
Mieux comprendre les coûts sur le long terme
Le sujet du coût du chauffage revient régulièrement, et beaucoup d’usagers constatent une facture un peu plus élevée qu’ils ne l’avaient imaginé.
Mais il faut garder en tête que de nombreux éléments entrent dans la comparaison. Beaucoup de personnes oublient certains frais importants liés à leur ancienne chaudière. Par exemple, une chaudière doit être entretenue chaque année. Et surtout, elle doit être remplacée après un certain nombre d’années, ce qui demande de créer une réserve financière pour anticiper la dépense. Comme ces frais n’arrivent pas tous les mois, on tend à les oublier.
Un autre élément peut renforcer l’impression de hausse : avec le chauffage à distance, la facturation se fait par trimestre et non plus à l’année. Les trimestres d’hiver, où la consommation est naturellement plus élevée, entraînent des factures plus importantes. Cela peut donner le sentiment que « tout est plus cher », alors qu’il s’agit simplement d’une répartition différente dans le temps.
Enfin, il existe des avantages moins visibles mais qui comptent au quotidien : ne plus penser à l’entretien, ne plus craindre une panne de chaudière, ne plus gérer les commandes de mazout, profiter d’espace en plus dans son bâtiment… et le choix d’utiliser une énergie locale. Autant d’éléments qui n’apparaissent pas sur une facture, mais qui représentent une réelle valeur pour beaucoup d’habitants.
Une vision soutenue par les autorités communales
Jean-Maurice Cantin, conseiller communal de Cornaux et responsable des travaux publics et des services industriels, souligne qu’il est impossible de tirer des conclusions fiables après une seule année de fonctionnement. Les coûts peuvent varier fortement en fonction des conditions météorologiques, et pour la commune, dont tous les bâtiments ont été raccordés entre 2023 et 2024, une analyse réellement pertinente ne pourra être réalisée qu’en 2026 ou 2027.
Il rappelle également que le chauffage à distance s’inscrit pleinement dans la stratégie communale en matière d’énergie : « Ce projet illustre notre volonté de miser sur des solutions durables et collectives. Le chauffage à distance répond aux attentes de nos habitants en termes de fiabilité, de réduction des émissions de CO₂ et de respect de l’environnement ». Selon lui, dans le cadre réglementaire actuel, le CAD constitue l’une des solutions les plus adaptées pour remplacer les installations fossiles.
Une dynamique régionale qui s’étend
Le CAD Entre-deux-Lacs s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire : une énergie récupérée localement et partagée entre voisins. Après Cornaux et Cressier, les travaux d’extension du second réseau avancent en direction de Laténa, confirmant la dynamique régionale engagée en faveur d’une transition énergétique concrète.
Chaleur gratuite, mais pas sans valeur
Depuis plus d’une année, les habitants de Cressier et de Cornaux bénéficient du réseau de chauffage à distance alimenté par la chaleur récupérée sur la raffinerie. Pourtant, une question revient souvent : « Si la chaleur est fournie gratuitement par la raffinerie, pourquoi faut-il la payer ? »
La réponse est simple : la chaleur elle-même est mise à disposition gratuitement par l’entreprise Varo, mais tout le reste ne l’est pas.
Pour récupérer cette énergie, il faut installer sur la raffinerie des échangeurs de chaleur, des conduites et des pompes. Ces équipements demandent de l’électricité, de la maintenance et des investissements de plusieurs millions de francs pour capter cette chaleur excédentaire.
En résumé, même si la chaleur brute fournie par Varo est gratuite, le fait de la capter, de la transférer et d’assurer un service fiable génère un coût réel. On peut comparer cela à l’eau : la molécule d’eau en elle-même est gratuite dans la nature, mais il faut la récupérer et la traiter pour qu’elle soit utilisable.